La situation est extrêmement compliquée pour les étudiants. Je ne parle pas de leur « qualité » de vie, de leur problème de financement et autres affres psychologiques, je parle des stages et c’est bien moins grave que l’équilibre moral ou financier, mais ça peut y participer.
Depuis février, j’ai 2 promotions d’étudiants à l’Université d’Angers, à l’ESTHUA. Une promotion de Licence 2 et une promotion de Licence 3, ils sont à chaque fois entre 150 et 180 étudiants. Très peu d’entre eux ont trouvé un stage. Ils doivent faire un stage de 3/4 mois pour valider leur année.
Il faut bien voir que le rôle d’un étudiant dans notre société est de se former, d’étudier d’apprendre un métier pour s’insérer dans cette même société. Le secteur du tourisme est à l’arrêt, les acteurs touristiques sont pour la plupart fermés ou tournent au ralenti. Les étudiants de l’ESTHUA (et globalement tous les étudiants en tourisme) ne trouvent pas de stage et ne « valident » pas ce contrat social. C’est très dur pour eux, comme la situation est très dure pour les hôteliers, restaurateurs, gestionnaires de camping, etc.
Il y a fort à parier que de nombreux étudiants n’auront pas de stage. L’année dernière, de nombreux stages ont été interrompus en cours et les étudiants sont restés « inactifs » chez eux.
Voilà ce que je ferais si j’étais étudiant dans cette situation
J’écouterais mes enseignants.
Chaque école, université à ses règles, ses « plans b » etc… donc j’écouterais mes enseignants. Ils savent et comprennent que la situation est compliquée et j’imagine qu’aucun étudiant honnête et sincère dans sa situation ne soit pénalisé. A l’ESTHUA, ceux qui n’ont pas déroulé leur stage l’année dernière, se voyaient confier la réalisation d’un dossier/étude, sur la situation sanitaire, l’influence sur le tourisme, etc. Mais cela dépend de chaque structure… si vous êtes étudiant dans une telle situation, l’important est d’en parler avec vos enseignants.
Une autre forme de stage
J’adapterais ma demande de stage à la situation. Ce n’est pas en période covid, alors que tous les acteurs tournent au ralenti, que je vais apprendre à faire un check-in, suivre le chef en cuisine, accompagner le service d’étage, etc. Il n’y a pas d’offres de stage dans ces fonctions… alors, changez peut-être ce que vous pouvez apporter à l’entreprise. Proposez votre aide pour les fonctions support. Si vous vous sentez de faire une étude de marché pour un hôtel, de remettre à plat le site internet, de répondre aux avis, d’animer les réseaux sociaux… le tout en étant accompagné par votre tuteur de stage, alors vous apportez de la valeur. Les entreprises du tourisme sont touchées, ont moins de salariés en place et ont toujours besoin de ressources humaines, peut-être moins dans la transmission d’un métier (le stage), mais il y a des missions tout aussi intéressantes et apportant de la valeur aux parties.
Un autre secteur que le tourisme
Je sais que vous étudiez dans l’hôtellerie, le tourisme, pour en faire votre métier et que c’est un stage dans ce secteur dont vous avez besoin. Mais plutôt que de rester à ne rien faire, dans le pire des cas, cherchez un stage dans un autre secteur que le tourisme. Un bon stage ailleurs sera toujours une expérience positive et qui vous apportera, ce n’est pas l’idéal, mais faute de mieux….
Privilégiez les secteurs où l’on reçoit du public, un stage au contact des clients, dans le service, est toujours enrichissant.
Faire du bénévolat
Bon, c’est vraiment une roue de secours, mais plutôt que de ne rien faire, que de rester dans ma chambre à me morfondre, allez faire du bénévolat. Il y a tant à faire, tant d’aide à apporter.
L’important est de valoriser une période sur votre CV, l’important est de dire à un recruteur ce que vous avez fait pendant cette période compliquée, de montrer que vous être réactifs, proactifs et que vous ne vous laissez pas abattre. Sans compter l’effet valorisant de faire du bénévolat et ce que ça peut apporter en expérience.
Créer et animer un blog
Il n’y a vraiment rien à faire ? Créez un blog et montrez votre « expertise », vos « analyses ». Achetez un nom de domaine et un hébergement sur OVH (30€/an) et installer wordpress et créez un blog. Utilisez peut-être votre sujet de mémoire, ce que vous aimez et organisez un système d’information, structurez le blog, faites de la recherche, compilez tout ça sur le blog, expliquez votre démarche, apportez de la valeur (par la sélection d’articles, par vos analyses). Ayez évidemment une stratégie de diffusion des articles, ça peut être l’occasion de se familiariser avec un outil de newsletter (gratuit comme mailchimp) et d’utiliser des outils de planification sur les réseaux sociaux.
En vous mettant à plusieurs, vous pourriez faire un blog de référence sur une thématique bien précise, une thématique de niche (tout sur l’IA dans l’hôtellerie, les enjeux de e-réputation, le parcours client numérique, etc.)
Faire un podcast, une webserie
Dans le même ordre d’idée, et ça peut être complémentaire au blog, créez, animez et diffusez un podcast. Là encore il faut une thématique « expertise » ou de niche, une démarche, une méthodologie.
Vous pouvez aussi faire une webserie, c’est fou la qualité que l’on obtient avec un smartphone, ouvrez une chaine Youtube thématisée, et partagez.
Tous les youtuber que vous adulez ont commencé comme ca…
Ouvrez un faux hôtel (ou restaurant, ou autre)
Choisissez un établissement, un hôtel, par exemple, fictif, trouvez-lui un nom qui n’existe pas (pour ne pas pénaliser un éventuel vrai hôtel qui aurait le même nom) et créez un hôtel de toutes pièces. Faites un business plan, une étude de marché, de positionnement, la politique tarifaire, la stratégie de distribution. Réalisez un site internet, créez les fiches sur TripAdvisor et Google, (oui, oui)…c’est riche, ça vous apportera de la valeur, vous serez fiers de ce travail et vous pourrez le montrer à un futur employeur. Apprenez le HTML (ce n’est pas compliqué) ou autre… acquérez des compétences.
Sportif en plein air ?
Organisez-vous un circuit en vélo, dans une région française, à la découverte de son patrimoine, de sa culture, de ses traditions…. Et rendez compte. Partagez vos découvertes, sur un blog, sur insta, enrichissez, parler, comprenez. Les campings vont bientôt rouvrir, ils sont en plein air, avec une faible densité humaine, ça peut le faire, vous trouverez où dormir pendant votre périple.
Vous étiez bon en math, en éco ?
Vous avez une compétence, une appétence, pourquoi ne pas la partager et aider les autres. Pourquoi ne pas créer un petit programme de e-learning en mathématiques (niveau seconde ou de votre niveau), sur youtube, pour aider les élèves en difficultés. Bien évidemment il y a déjà plein de cours gratuits sur youtube, réalisés par des profs, donc ayez une autre approche, peut être celle du jeune qui parle au jeune, ou autre, à vous de trouver ….
Faire un petit film
Vous avez un smartphone qui a une qualité vidéo au top. Organisez-vous pour réaliser un petit film, une série, en relation avec vos études. Allez interviewer des acteurs du secteur, faites quelque chose de qualité, avec gestion de projet, script, etc…
Moi, pendant le premier confinement, j’ai fait une websérie: « Les causeries du confinement covidique », j’ai tourné une trentaine de vidéos, interview de pro, j’ai même Philippe Violier, directeur de l’ESTUA, dans ma série = https://www.artiref.com/evenement/les-causeries-du-confinement-coronavirus-tourisme.html
Conclusion
Bien évidemment je parle de mon point de vue, c’est votre école, université, institution qui va vous donner les lignes directrices de ce que vous pouvez/devez faire.
Par ce billet (so old school ce mot) je voulais simplement vous montrer que ne pas avoir de stage en cette période, c’est évidemment catastrophique, mais que c’est aussi une histoire d’état d’esprit.
Vous ne serez pas jugés sur ce que vous avez fait, mais sur votre capacité à rebondir, à être actif, à générer de la valeur pendant cette période compliquée.
Ne restez pas inactifs, montrez que vous vous bougez, que vous avancez, que vous essayez de générer de la valeur, même en période compliquée, montrer votre savoir-être, vos « soft skills »…. De toute façon vous ne pouvez pas briller par l’apprentissage du savoir-faire .. y a pas de stage
Partagez en commentaires vos idées, si vous créer un blog, un « faux » établissement ou autre, partagez le ici, j’aurais plaisir à lui donner de la visibilité sur mes réseaux
PS: si vous êtes acteur touristique et que vous proposez un stage, vous pouvez déposer une offre gratuitement à destination des étudiants de l’ESTHUA sur la plateforme de l’Université d’Angers => https://ipoline.univ-angers.fr/
Si votre demande est pressée, faites moi un mail et je transferts directement à « mes » étudiants de L2 et L3
PS: mon prochain article sera du même genre, mais pour les hôteliers, du genre « si j’étais hôtelier pendant le confinement » .. qu’est ce que je ferais
Thomas Yung
16 février 2021
Grand Corps Malade dans les oreilles
Le tourisme (nouveau) recrute !
Je cherche stagiaires (fin étude pour éventuel poursuite par job) ou dynamiques chercheurs d'emploi confirme dans ces métiers.
Pour job alimentaire, leche-vitrine en ville et planque... s'abstenir ! Uniquement des motivés pour aventure en equipe. Serieux, bosseur, souple, joyeux, bon contact client, sens des responsabilités, ... Bref parfait en devenir ! Ou ? Cœur du parc régional du Morvan (centre Bourgogne, 1h de dijon).
C'est quoi? Développement nouveau domaine residentiel chalets bois 4 saisons (hôtellerie de plein air), bord du lac des Settons.
3 postes ouverts : "service réservation" + "responsable bar, boutique, organisation logistique repas" + "intendante/gouvernante".
J'attends vos candidatures !
Dominique
Note de TY => si vosu êtes intéressé, demandez moi l'adresse mail de DOminique
Bonjour,
Très juste, cet article.
Pour encourager notamment à chercher un stage ou une expérience dans un autre secteur, je voudrais parler de mon expérience : j'étais étudiante en langues, j'ai fait une année de volontariat dans un jardin d'enfants en Lituanie (aucun rapport), une année comme assistante de français au Royaume-Uni, et j'étais experte en allemand. J'ai "abandonné" ça pour le développement touristique, pensant que ces compétences en langues ne me seraient plus tellement utiles dans ce secteur puisque les contacts avec le public sont réduits.
Je n'ai pas trouvé de travail tout de suite et j'ai fait un service civique dans une association culturelle (tout plutôt que de rester plus d'un mois sans occupation officielle, et j'ai passé une année fabuleuse), une saison sur un emploi technique improbable (mais tellement appréciable !)
Une rencontre antérieure (liée à un stage et à une réunion à laquelle j'avais assisté par simple curiosité) m'a permis d'avoir connaissance du poste de mes rêves, que j'ai obtenu notamment pour mes connaissances en allemand (ah ?!), et aujourd'hui je vais avoir affaire à un client lituanien (ah ?! bis, mais avec encore plus de points d'exclamation).
Certes, je n'ai pas été poussée par la nécessité et le contexte n'était pas aussi complexe, il n'empêche que les étapes "incohérentes" de mon parcours sont finalement celles qui m'ont ouvert des portes, et dont je me réjouis encore...
Alors foncez !
merci pour ce chouette retour d'expérience Marion, bonne continuation avec votre client Lituanien ....